328 DOCUMENTS RELATIFS Al CHAPITRE DEUXIÈME soit 14 hommes en tout. On choisit les sergents des villes bulgares, qu'on avait arrêtés dans les villages et dans la ville même, et les révolutionnaires militants, supposés chefs de bandes, c’est-à-dire, en un mot, d une façon générale, les meilleurs Bulgares. Parmi ceux-ci était Christo Dimitrov, originaire du village de Léquis, dans le district de Ghevghéli. Il réussit à se sauver et se trouve actuellement à Pavlo, près de Sofia. Il possédait un moulin dans lequel les révolutionnaires bulgares, Taskata entre autres, cherchaient souvent un abri. Après la libération, les fonctionnaires bulgares avaient visité souvent son moulin, situé à une demi-heure de la ville, en lui demandant pour plaisanter : « Où est Taskata? » Treize des hommes qu’on avait ainsi emmenés furent massacrés au deuxième étage et nous entendîmes leurs cris. Nous comprîmes qu’on les tuait, et, pourtant, nous espérions qu’on choisirait peut-être et qu’on ne les tuerait pas tous. Mais, en même temps, nous pensions que le même sort nous attendait tous. On ne laissa la vie qu'à Christo Dimitrov, parce qu’on entendait l’assassiner plus solennellement, comme ami des révolutionnaires bulgares. Il passa la nuit auprès des camarades massacrés que l’on transportait un à un. Le lendemain, on le ramena auprès de nous. On était au 28 juin. Après lui, vint un prêtre grec. 11 ouvrit la porte de notre salle et dit : « Bonjour, les garçons! » d’un ton de moquerie. Nous ne répondîmes rien. Il répéta sa plaisanterie. Nous gardâmes le même silence. Il dit : « Pourquoi ne répondez-vous pas? Bonjour est une bonne parole. N'êtes-vous des Bulgares? » Nous ne répondîmes rien. Alors il nous demanda : « Voulez-vous voir votre glorieux tzar Ferdinand? Voulez-vous entrer à Salonique? Tout cela arrivera sous peu. » Puis il partit. Deux heures après, nous entendîmes des décharges. Nos troupes entraient dans la ville. Mes camarades et moi, nous comprîmes que c'était notre armée qui arrivait, car les canons grecs ne pouvaient pas tonner de ce côté-là. Dès que l’artillerie bulgare se mit à attaquer, les Grecs coururent par tout le bâtiment pour nous rassembler tous dans une même pièce; 70 personnes furent ainsi réunies, pressées comme des harengs, dans une petite chambre. Nous restâmes en cet état une demi-heure environ. Pendant ce temps, les Grecs essayèrent de se rendre compte des chances que les Bulgares avaient de pénétrer dans la ville. Quand ils se furent assurés que les Bulgares entraient, ils nous firent sortir deux à deux pour nous lier les mains. Puis 011 conduisit ceux qui avaient les mains attachées à l’étage supérieur, et là, on les tua. Le premier qui fut tué était un petit Grec emprisonné avec nous; c’était un pur (nec du >illuge de Koléchino, du district de Strumitza. Il demeurait a Serrés depuis sept ans. On 1 enferma, l'ayant pris pour un Bulgare. Il suppliait qu’on le libérât, alléguant que tout le monde le connaissait, qu’il