44 LES ORIGINES DES DEUX GUERRES BALKANIQUES contribué, comme gouverneur militaire de Salonique, à préparer la convention gréco-serbe. Cette convention fut conclue le 16/29 ma*- C’était, évidemment, la guerre qui se préparait. L’état-major serbe employa ce temps à fortifier la position centrale de l’Ovtché-Polé. Les Grecs s’efforcèrent de leur côté de se rendre maîtres des positions avancées dans la région d’occupation bulgare, à Pravichta et à Nigrita, après avoir augmenté leur armée de Macédoine du contingent des régiments devenus libres après la prise de Yanina. On faisait traîner les pourparlers, renoués à Londres avec la Turquie, pour avoir le temps d'en finir avec ces préparatifs. Le 6 mai, l’état-major serbe prescrivait des dispositions préalables de concentration à l’est d’Uskub. Dès le i5 mai, on discutait une convention militaire et un projet d’opérations de concert avec les Grecs. Les Bulgares, d’autre part, se hâtaient de faire la paix avec les Turcs, et, après l’avoir signée, dirigeaient leurs armées d’Andri-nople et de Tchataldja vers la Macédoine et la frontière serbo-bulgare. Des deux côtés, les préparatifs étaient faits quand on se livra à un dernier duel diplomatique. On ne perdait pas de vue, toutefois, l’ouverture des hostilités. M. Pachits envoya enfin à Sofia, le 12/25 mai, des propositions au sujet de la révision du traité. Il justifiait les nouvelles exigences serbes par deux catégories de raisons : d'abord, les clauses du traité avaient été modifiées dans leur application ; ensuite, des circonstances extérieures, non prévues par le traité, en changeaient pourtant profondément la teneur. Les clauses du traité avaient été violées du fait que les Bulgares n’avaient point fourni aux Serbes des secours militaires, tandis que les Serbes, eux, avaient aidé les Bulgares. Le refus de laisser la mer Adriatique aux Serbes et la prise d’Andrinople et de la Thrace par les Bulgares constituaient, en outre, deux nouvelles violations du traité. Donc, la Serbie avait droit à des compensations territoriales : 1° parce que les Bulgares ne lui avaient pas fourni le secours promis ; 20 parce qu’elle était elle-même venue au secours des Bulgares ; 3° parce qu elle avait perdu le littoral de l’Adriatique, tandis que la Bulgarie avait acquis la Thrace. Cette fois, du moins, M. Pachits était en paix avec l'opinion publique. Le Gouvernement bulgare subissait, de son côté, l’influence de cette même opinion publique. Comme le traité du 29 février/13 mars restait secret, le public ne pouvait suivre la casuistique juridique qui se fondait sur le commentaire de telle et telle phrase ambiguë du texte. Mais le public repoussait le traité en bloc et ne voulait rien savoir de la « zone contestée ». Si les Serbes, dans leurs demandes, transgressaient les termes du traité, les diplomates bulgares étaient fort enclins à agir de même. Si les Serbes demandaient, comme la condition même de leur existence, après la perte de leur sortie sur l’Adriatique, une sortie sur la mer Egée et, pour en arriver là, une frontière commune avec la Grèce, M. Danev, à Londres, demandait aux puissances en dehors des