62 GRECS ET BULGARES désirer. Mais il est décevant d’apprendre que, jusqu’au i5 février 1913, les Cours martiales de Macédoine n’avaient encore condamné que 10 personnes pour meurtre, 8 pour vol ou pillage et 2 pour viol. Un grand nombre de cas n’avaient pas fini d’être « instruits » et, parmi eux, 78 cas de meurtre, 69 de pillage, 7 de viol, 7 de vol, présentés chaque fois comme levée de taxe, i4 d’incendie et 81 de spoliations et violences diverses. Parmi les accusés, 37 étaient des insurgés macédoniens, dont 6 chefs de bande (voïvodas). Combien, de ces instructions, furent observées, et combien, de ces accusés, furent réellement condamnés, c’est ce que nous ne pouvons pas savoir, puisque les archives de la principale Cour martiale macédonienne ont été perdues au moment où on évacua Serrés. Mais nous avons appris que plus de 200 prisonniers, appartenant à l’armée bulgare et aux bandes irrégulières, étaient dans la prison de Serrés à purger leur peine quand la ville fut évacuée. Il y a des raisons de croire qu’ils furent alors relâchés : fâcheuse irrégularité et qu’on eût probablement pu éviter. Ces faits prouvent du moins qu’on fit, en Macédoine, un effort considérable pour châtier les excès commis contre la population turque. Mais l’effort fut tardif, et, très certainement, l’exécution rapide, dès le commencement de la guerre, de quelques-uns des criminels les plus notoires aurait produit un effet plus salutaire. L’opinion publique, dans les Balkans, ne condamne pas les violences commises par les chrétiens sur des musulmans avec la même sévérité que les spectateurs désintéressés. Cela est inévitable, en raison même des conditions historiques. Mais il n’y a pas de doute que les chefs de l'armée bulgare ont tenté du moins de sauvegarder son honneur, et cette tentative réussit à améliorer, par la suite, la conduite des troupes et des bandes alliées. Ajoutons à l’honneur du Gouvernement bulgare que, pour enrayer la spoliation des musulmans, il rendit un décret déclarant nul et non avenu tout transfert de propriétés accompli durant la guerre. Il reste à mentionner la conduite suivie par les Bulgares, sur une large portion du territoire, pour reconvertir par la force les Pomacks au christianisme. Les Pomacks sont des Bulgares de race et de langue, qui, à certains moments de la conquête turque, furent convertis par force à l’Islam. Ils ne parlent pas turc et conservent quelques traditions de leur passé chrétien, mais les circonstances ont habituellement fait d’eux des musulmans fanatiques. Ils ne sont pas moins de 80.000 dans les territoires nouvellement conquis, et sont groupés principalement au nord et à l’est de Nevrocop. Le Saint-Synode bulgare conçut le dessein de les convertir tous en masse, et il lui fut souvent permis de compter pour y parvenir sur l’appui des autorités civiles et militaires, sans parler de celui des bandes d insurgés. Il ne fut pas nécessaire, en général, d’employer la violence : des menaces, avec, derrière elles, une force capable de les exécuter au besoin, suffirent à amener des villages entiers à subir la cérémonie du