LA LUTTE POUR L’AUTONOMIE 17 nationales politiques et entreprit une lutte systématique contre ses alliés d’hier. A partir du printemps de '1909, ses partisans firent assassiner, l’un après l’autre, tous les chefs qui 'avaient été à la tête des bandes ou des comités révolutionnaires sous le régime précédent. A l'automne de 1909, on voulut porter le dernier coup aux organisations ouvertes (l’Alliance des Clubs constitutionnels bulgares comptait à ce moment là soixante-sept filiales en Macédoine). La Chambre vota, en novembre, une loi sur les associations qui interdisait « toute organisation ayant pour base une dénomination nationale ». On réussit ainsi à en finir avec l’existence légale de ces Clubs, mais pas avec les Clubs eux-mêmes. L’action révolutionnaire recommençait dès le moment où la lutte ouverte et légale devenait impossible. Les populations chrétiennes avaient de bonnes raisons pour se révolter contre le nouveau régime turc. Les articles 11 et 16 de la Constitution revisée portaient atteinte aux droits et privilèges des communautés religieuses et des écoles nationales. L’Etat ottoman prétendait étendre les limites de son action, sous prétexte de « protéger l’exercice de tous les cultes » et de « surveiller toutes les écoles publiques ». Les principes pouvaient paraître modernes, mais dans la pratique, c’étaient là de nouveaux moyens pour arriver au même but : 1’« ottomanisation » de l’Empire. Cette politique visait à la fois Grecs et Bulgares. Ce qui transforma les Grecs en ennemis intransigeants du régime jeune-turc dès son avènement, ce fut le boycottage économique décrété par le Comité contre tous les Grecs de l’Empire, en manière de représailles à l’égard des tentatives faites par les Crétois pour se réunir à la mère-patrie. On défendit pendant des mois aux bons Ottomans de fréquenter les magasins et les cafés tenus par des Grecs. Les vaisseaux grecs durent cesser de toucher aux ports ottomans, n’y trouvant personne pour charger ou décharger les marchandises. Mais ce qui était plus dangereux encore, c’était la politique qui consistait à « turquiser » la Macédoine au moyen d'une colonisation systématique, accomplie parles « mohadjirs », ou émigrés musulmansde Bosnie et d'IIerzégovine. Cette mesure faisait descendre le mécontentement contre le nouveau régime jusqu’en bas, dans les classes agricoles. C’étaient, presque partout, des métayers bulgares qui cultivaient les « tchifliks » des beys turcs depuis des temps immémoriaux. Au cours des dernières années, ils avaient commencé à racheter ces terres seigneuriales, le plus souvent avec l’argent que plusieurs d’entre eux rapportaient de leur séjour en Amérique. Tout cela était fini. Non seulement l’achat d'un domaine leur devenait impossible, mais, en outre, les Turcs commençaient à expulser les métayers de leurs fermes. Le Gouvernement achetait tout ce qui se trouvait être à vendre pour y installer les « mohadjirs ». C’était le comble. Les chefs des bandes désarmées pouvaient maintenant t