LES DÉPOSITIONS 371 et des 3.5oo fonctionnaires turcs que j’ai envoyés avec leurs familles à Cons-tantinople, par une mesure qui est tout à l’honneur de l’occupation bulgare. L’ami de Talaat-bey, le D1' Béhaeddine-bey, connaît aussi la vérité sur ce point. Ce Turc intelligent et plusieurs de ses amis se rappellent certainement qu’en ma qualité de gouverneur de la Thrace, j’ai fait ce que j’ai pu pour les aider dans leur infortune... » * t * * N° 70. Déposition de Ai. Kristo Bogoyeo, chef de lu section administrative auprès du Gouvernement militaire de la Thrace. — « La résidence du goiiverneur a été Kirk-Kilissé (Lozengrad) jusqu'au i3 mars (vieux style). A partir dti ig, cette résidence a été transportée à Andrinople. M. Bogoyev est resté à Andri-nople jusqu’à la fin de l’occupation bulgare et il en est parti avec le dernier train. Son témoignage se rapporte surtout aux derniers jours de l’occupation et au moment où les Bulgares ont quitté la ville, le 7 et le 8 juillet (vieux style) : « Le G juillet, à 6 h. 1/2 du soir, comme les Turcs étaient déjà à Ourli, je demandai par télégraphe au ministère et à lelat-major la permission, pour les fonctionnaires, les réfugiés et tous les habitants qui le désiraient, de quitter Andrinople. La permission arriva à 11 h. 1/2. Pour ne pas inquiéter la population, nous n’avions pas répandu la nouvelle, et à minuit, au jardin de Réchadié, le cinématographe était encore ouvert et le public rentrait chez soi tranquille. Partis le dimanche matin 7 juillet, vers 3 ou \ heures, avec le chef de la section des finances et le secrétaire en chef, nous passâmes la nuit à Karmanly. J’appris alors que les Turcs n’étaient pas encore entrés dans la ville. Nous reçûmes l'ordre télégraphique de revenir. Le 8 juillet, nous étions de nouveau à Andrinople. En revenant, de la fenêtre de mon vagon, j’ai compté, à Marache, environ 10 cadavres de prisonniers turcs, ce qui m'a beaucoup impressionné. A mon arrivée à Karagatch, je me suis informé auprès du chef de gare, le capitaine Mikaïlov, de la cause des massacres. Mikaïlov m’a expliqué qu’une partie des prisonniers, 5o à 60 hommes, étaient employés comme ouvriers à la station et qu’ils habitaient dans des baraques près du pont sur l'Arda, pour faire le travail de transbordement. Les autres prisonniers, la plus grande partie de ceux qui n'avaient pas encore été dirigés sur la Bulgarie, habitaient la place de la mosquée Ali-Pacha, sur la Tcharchi. Après les avoir gardés là jusqu'à 2 ou 3 heures, 011 les avait expédiés à Yambol. Le groupe dont il s’agit a dû être dirigé sur Mustafa-Pacha, sous l'escorte de la milice (opoltchénié). Supposant que les Turcs étaient déjà à Andrinople, ceux-ci ont essayé de prendre la fuite. Le convoi a tiré sur eux. « Après notre départ du 7 juillet, l’ordre était assuré par le major Morfov,