L'AFFAIRE D’ARKANGELI ,V° 46. Anton Michaïlov et Démétri Ghéorghiev, île German, près de Demir-Ilissar. — « Le 5 juillet (le samedi), nous allâmes au marché à Demir-IIissar. l ue panique ne tarda pas à se produire. Tout le monde répétait que la cavalerie grecque arrivait. Nous montâmes sur une colline d'où l’on découvrait la plaine. Nous n’aperçûmes pas de cavalerie, mais une masse de fuyards arrivant dans l’autre direction, de Barakli-Djoumaïa. Les Grecs de German, quand la ville fut vide de Bulgares, commencèrent à piller les boutiques bulgares. Ils s'armèrent et distribuèrent des armes aux Turcs. Nous trouvâmes le cadavre de deux soldats bulgares dans la ville, dans le jardin du Dr Christoclès. Les fuyards que nous rencontrâmes nous dirent tous que les Grecs, dans tous les villages, pillaient, brûlaient et tuaient tout, si bien que nous retournâmes à notre village, qui était encore intact; là, nous rassemblâmes nos alfaireset nous commençâmes à fuir. Toutefois, quelques-uns des habitants restèrent à German. Bientôt après notre départ, les Grecs et les Turcs arrivèrent ensemble et se mirent à piller, à brûler, à tuer. Nous pensons que 180 hommes, femmes et enfants furent tués. German avait 100 maisons et près de la moitié des habitants v étaient restés. Nous connûmes leur sort par un jeune homme, nommé Démétri Ghéorghiev1, qui nous raconta que les habitants avaient été rassemblés par les Grecs et les Turcs, les hommes dans l’église et les femmes, dans la maison du Pcre Géorghi. Quelques-uns des hommes essayèrent de s’échapper de l’église; on tira sur eux aussitôt. Ce fut le signal du massacre. On fouilla d’abord les hommes, puis on les dépouilla et on les tua. Le jeune Démétri avait sauté par la fenêtre de l’église et eut l’esprit de rester étendu, quand on tira sur lui, comme s'il était mort. Il nous raconta que quelques andartes étaient arrivés d’Athènes et avaient tout organisé. Il n’y a qu’un seul survivant du massacre, le Père Géorghi*. » Ar° 47. Anton Solirou, prêtre du village de Kalendra, près de Serrés. — Il dépose que des réguliers grecs et des Turcs vinrent et brûlèrent les maisons bulgares dans son village, et tuèrent un vieillard, le seul des habitants qui fût resté en arrière. Il a pu voir le fait d'une petite distance. Y" 48. Géorghi Dimitrief, de Drenovo, près de Serrés.— Il rapporte que son village fut brûlé par l’infanterie grecque, un mardi, vers midi. Il vit une vieille 1 X« pas te confondre avec notre témoin qui porte le même nom. ! Nous nous somme» fait une règle de ne pas accepter qu'un témoin nous fournisse des renseignements de seconde main, mais, dans le cas présent, et aussi, en ce qui concerne le témoignage n° 5o, le massacre avait été si complet que les circonstances nous ont paru comporter une exception.