LA GUERRE ET LE DROIT INTERNATIONAL ¡¿05 de consentir à l'exécution de cette clause, et les réserves qu'ils y avaient mises n'étaient nullement obligatoires pour l’arbitre. Avoir violé, après cela, la clause qu'en même temps ils continuaient à invoquer, c’était, pour les Bulgares, sanctionner les violations de fait que les Serbes se sont permises, en Macédoine, et donner le dernier coup à l’existence légale du traité. C’est pourquoi, tout en reconnaissant que les violations serbes ont rendu le conflit inévitable, il faut laisser aux Bulgares la responsabilité de l’avoir formellement ouvert. La ruse n'a pas manqué non plus de jouer son rôle. Les journaux serbes ont publié des récits selon lesquels les officiers bulgares auraient offert un repas aux officiers serbes ou se seraient fait photographier avec eux quelques heures avant la bataille, tandis que, tout en reconduisant leurs visiteurs, ils auraient mesuré les distances et observé la disposition des avant-postes. Les Serbes ont, en outre, accusé les Bulgares d’avoir voulu égarer l’opinion internationale, en faisant protester à Belgrade leur ambassadeur, M. Tschev, huit heures après l’attaque nocturne des 16/29-17/30 juin, contre une prétendue agression serbe, Si, comme il y a lieu de le supposer, quoique M. Tschev l'ait nié dans les journaux, celui-ci était un de ceux qui poussaient à la guerre et qui étaient au courant des événements qui allaient s’accomplir, sa démarche n’en est que plus blâmable. Mais il est excessif d’accuser M. Tochev de n’avoir pas même pu savoir ce qui se passait sur la Brégalnitsa au moment où il faisait sa remontrance au Ministère de Belgrade. Le téléphone, à l’aide duquel M. Hartvig l’accusait d’avoir conseillé à M. Danev, le 9 juin, de « protester » contre le consentement serbe à l’arbitrage russe, existait donc et devait fonctionner tout aussi bien une semaine après1. III. — Nous nous plaçons sur un terrain beaucoup plus sûr en passant aux lois et coutumes de la guerre sur terre, violées par tous les belligérants, malgré l'existence d’une convention internationale qu'ils ont tous signée, et qui n’est autre que la « Convention concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre » et 1’ « annexe » qui l’accompagne, élaborées l’une et l’autre par la seconde Conférence de la Haye, en 1907, pour remplacer la Convention du 29 juillet 1899, conclue entre les puissances dès la première Conférence de la Haye. La Bulgarie, il est vrai, a fait des réserves au sujet d’un amendement qui modifiait la Convention de 1899. Cet amendement interdisait à tout belligérant de forcer les nationaux de la partie adverse qui habitent sur son territoire, à prendre part aux opérations de guerre dirigées contre leur pays et aussi, si ce 1 M. Tschev a nié ces révélations, que, du reste, M. Hartvig lui-méme a dit avoir été inexactement rendues par son interviewer, M. Gantchev voirie Mir du i3/3o novembre ¡gii).