LES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES DE LA Gl'EIUiE 233 Ainsi que le disait dans une récente conférence faite à Gand ¡VI. Léon Bourgeois : « Il n’est pas une barque qui s'abaisse ou qui s’élève dans un des plus petits ports de nos côtes de France, de Belgique ou d’Angleterre, dont les mouvements presque insensibles de sa quille ne soient déterminés par la poussée colossale de l’ensemble des marées et des courants qui sont la respiration de l'Océan. De même il n’est pas un petit commerçant dans le coin de sa boutique, il n'est pas un ouvrier au travail au fond de son atelier, dont le salaire, le profit, le gain ou la perte ne soient incessamment influencés par la pulsation formidable du mouvement universel des échanges internationaux. » Toute guerre perturbe ce mouvement universel, surtout maintenant où l’enchevêtrement des intérêts internationaux est considérable. Voyons dans quelle mesure la guerre des Balkans a été une cause de désordre économique national et international. L.e bilan de la guerre doit porter, en tète, pour bien le caractériser, le nombre des morts et des blessés. Vies humaines brutalement détruites par les armes, existences enlevées à la suite de blessures et de maladies, dans la souffrance, organismes sains mutilés pour toujours, voilà ce qui résulte de la guerre, œuvre de sang et de douleur. Dressons le sinistre inventaire (fig. 26 à 35). La Bulgarie a eu 579 officiers, 4-4*313 soldats tués; 71 officiers, 7.753 soldats sont portés comme disparus : combien de ceux-là sont morts? Enfin, 1.731 officiers et 102.853 soldats ont été plus ou moins grièvement blessés. Un grand nombre d'entre eux resteront invalides, amoindris profondément dans leur vigueur ou privés de quelque membre. On peut se faire une idée de l'importance des ravages causés sur les hommes qui ont survécu, après avoir été atteints par les projectiles, par le télégramme suivant, publié par les agences, à la date du 20 octobre 1913, télégramme venant de Vienne : « La reine Iïléo-nore de Bulgarie, qui s’est distinguée durant les guerres balkaniques par son œuvre humanitaire, vient de commander à Vienne une grande quantité de jambes artificielles destinées aux soldats amputés. « La reine a demandé l’envoi, à Sofia, d’ouvriers habiles dans ce genre de travail, pour monter dans cette ville une fabrique de jambes articulées. » C’est une conséquence économique de la guerre à noter que cette création d’une industrie de jambes artificielles. La Serbie a accusé d'abord les pertes suivantes : environ 22.000 morts et 2.5.000 blessés. Ces chiffres nous ont été communiqués, à la date du 3o septembre 1913, par le secrétaire du ministère des Affaires étrangères de Belgrade. Des renseignements venus d’autre source indiquent un moins grand nombre de morts, i6.5oo, mais un plus grand nombre de blessés, 48.000. La maladie aurait atteint 45.000 hommes de l'armée serbe,