LE CONFLIT ENTRE LES ALLIÉS 49 « tement qui a paru dernièrement dans certaines parties de l’armée donne à « supposer qu’il y a une agitation sérieuse contre la guerre. Il faut attirer « l’attention des soldats intelligents sur ce fait que si l’armée se désorganisait « et devenait incapable d’agir, il en résulterait ce qui est dit au paragraphe 5. « Répondez-moi, dans le plus court délai, si l’on peut compter sur l’état « d’esprit de l'armée pour conduire les opérations avec succès. » Il est surtout intéressant de noter, dans ce document important, les indications qu’il donne sur l’état d’esprit de l'armée bulgare et qui expliquent pourquoi le commandement était particulièrement intéressé à presser la solution. Le temps de la récolte approchait, et le soldat bulgare, qui avait patienté et souffert pendant les longs mois d’hiver et du printemps, à Tchataldja et à Boulaïr, et qui avait été obligé, ensuite, au lieu de revenir chez lui, de joindre en toute hâte la frontière de l’ouest, en avait assez. De deux choses l’une: c’était la guerre ou la démobilisation ; mais il fallait se décider immédiatement, l’incertitude étant devenue intolérable. Cet état d’esprit était général, et quelques officiers disaient à M. Bourchier, qui le répéta dans le Times .'«Si la question delà « guerre ou de la paix n’est pas décidée d’ici à une semaine, le général Savov « n’aura plus d’armée à commander. » Etant données ces circonstances, M. Danev convoqua le Conseil des Ministres le matin du 9/aa juin. Il déclara à ses collègues qu’après avoir passé la nuit sans sommeil, il était arrivé à la conclusion que, puisque même après l’arbitrage, la guerre venant des Serbes était plus que probable, il valait mieux la conduire de suite : l’armée, une fois démobilisée, il serait difficile de la réunir à l’automne. Quoi qu’on fît dans ces conditions, il fallait le faire sans délai. On voit que c’est la pensée même du général Savov que M. Danev expose. M. Théodorov a la réplique toute prête. La guerre entre les chrétiens serait une honte après la guerre pour la libération. Il faut aller à Saint-Pétersbourg, où 011 aura tout ce qu’on désire. Si, après cela, les Serbes ne veulent pas se rendre au jugement de l'arbitre, alors, on aura avec soi toute l’Europe. Les autres collègues plaidaient aussi la cause de la paix, excepté un seul, M. Khris-tov, représentant dans le Conseil le parti de la guerre, et que M. Danev, qui le connaissait, ne laissa pas parler. M. Danev se rendit au Palais d’été du tsar, aux environs de Sofia, à Vrana, pour faire son rapport. Le général Savov était également présent. A 3 heures de l’après-midi, on fit venir M. Théodorov et on lui demanda d expliquer quels étaient les griefs du parti « populiste » contre la guerre. M. Théodorov insista sur les raisons qui conseillaient d’aller à Saint-Pétersbourg. M. Danev et le général Savov y consentirent. On revint à Sofia, on rouvrit la séance du Conseil des Ministres, on demanda à l’ambassadeur russe de venir et on lui communiqua la décision. On y ajouta une demande, 4