LE CONFLIT ENTRE LES ALLIÉS 51 « prolongé. Tâchez de vous établir de pied ferme sur Krivolak, sur la rive droite « de Brégalnitsa. 11 est préférable que vous engagiez une fusillade dès le soir « et que, pendant la nuit et à l'aube, vous fassiez une attaque impétueuse sur « toute la ligne. Qu’on entreprenne cette opération demain, 16, au soir. » L’ordre donné à la seconde armée est mentionné par le général Savov dans un autre télégramme, envoyé le lendemain, 17, et plus intéressant encore, puisqu’il établit les motifs qui ont conduit les partisans de la guerre à risquer l’action ou qui leur ont fourni des raisons de se justifier: « J’ai ordonné, par la « directive 24, à la quatrième armée, de poursuivre ses opérations offensives « et à la seconde armée de commencer immédiatement, après avoir achevé les « opérations à Tchayasa, sa concentration sur la ligne désignée afin d’attaquer « Salonique. MM. les commandants des armées doivent considérer que nos « opérations contre les Serbes et les Grecs sont entreprises sans déclaration « formelle de guerre, mais principalement pour les raisons suivantes : il faut « i° qu’on remonte jusqu’à un certain point l’état d’esprit de nos armées et « qu’on les mette en position (traduction littérale) de regarder ceux qui furent « nos alliés jusqu’à ce jour comme ennemis; 20 qu’on hâte les décisions de « la politique russe, de crainte que la guerre ne s’allume entre les alliés; « 3° qu’on frappe les adversaires de grands coups pour les forcer à être plus « disposés à traiter plus facilement et à faire des concessions ; 4° puisque nos « ennemis occupent des territoires qui sont nôtres, essayons de nous emparer « par les armes de nouvelles terres jusqu’à ce que les pouvoirs européens inter-« viennent pour arrêter notre action militaire. Comme on peut prévoir une « prochaine intervention, agir vite et énergiquement s’impose. La quatrième « armée doit faire tout son possible pour prendre à tout prix Vélès, puisque « cette conquête a une si grande signification politique.....La seconde armée « recevra l’ordre, si les opérations de la quatrième armée le permettent, d’at-« taquer Salonique. » En relisant maintenant ces raisonnements embarrassés et enfantins d’un général qui veut faire le politicien, on a peine à croire que ce soit cela qui ait décidé de la guerre ou de la paix. Le général Savov a dit plus tard qu’il ne ne faisait que suivre un ordre. On a raconté, en son nom, que l’ordre fut donné par le roi Ferdinand et qu'il était menacé de la cour martiale, s’il n’obéissait pas... Puis Savov se tut. Pendant la campagne électorale de la fin de 19*3, la question de la responsabilité au sujet des événements du 16/29 Juin a préoccupé exclusivement l’attention publique, et on s'est donné beaucoup de peine pour trouver le coupable. Ces recherches ne sont pas encore achevées. Mais la préoccupation de ne chercher qu’un seul coupable nous paraît erronée et insuffisante pour jeter de la lumière sur les causes plus profondes de la catastrophe nationale en Bulgarie. En outre, il ne faut pas penser, dans la