LE THÉÂTRE DE LA GUERRE SERBO-BULGARE 131 femmes se sont sauvées dans la forêt ; mais on a détroussé les hommes qui restaient. AOrahovitsa, un magnat turc de Radoviche veut aussi avoir sa part: il arrive, accompagné de soldats serbes, et de nouveau, on extorque de l’argent aux femmes en leur brûlant les doigts au feu ; on emporte les armes trouvées. Voilà quelques fragments des annales lugubres de ces quelques jours de la lin de juin (vieux style), sur un petit territoire qui est devenu, par la suite, la propriété de l’Etat envahisseur. Une sorte d’« ordre » est restauré, certaine -ment, avec la conquête, qui s’accomplit, et une partie des réfugiés sont rentrés dans leurs villages. Nous aurons encore une autre occasion de revenir sur cet « ordre » établi dans les pays annexés. Pour le moment, nous voudrions faire encore une observation. Les violences que nous venons de décrire, si horribles qu’elles soient, et à cause de leur horreur même, témoignent d’une convulsion, d’un état de choses tout à fait anormal et qui ne peut pas durer. Pour le bonheur de l’humanité, la nature elle-même se révolte contre des « excès » comme ceux que nous avons observés de la part de deux adversaires en lutte. En s’accusant mutuellement, ils se sont tous les deux avilis. Mais après les avoir jugés d’après leurs propres dépositions, il faut se rappeler qu’en temps ordinaire, ces gens valent mieux que le jugement qu’ils sont enclins à porter les uns sur les autres et qu’ils voudraient nous faire accepter.